Paysagiste et décorateur Languedocien
Introduction
1860-1943 : Quiconque se pencherait sur cette période artificiellement délimitée par les dates de la naissance et de la mort d’Henri Martin ne manquerait pas d’y découvrir, avec les plus dramatiques bouleversements de l’histoire, le plus prodigieux et le plus fécond foisonnements d’idées que le monde ait jamais connu et ce, en particulier, dans le domaine artistique.
A partir du milieu du XIXe siècle, les créations artistiques sont de type révolutionnaire, qu’il s’agisse de manifestations telles que le Salon des Refusés en 1863 ou, onze ans plus tard, de la première exposition des Impressionnistes, ou bien de mouvements puissamment originaux quoique éphémères comme le Fauvisme ou le Cubisme. Tandis que les Surréalistes explorent des domaines jusqu’alors mal connus des peintres et que l’art abstrait novateur et lourd de promesses naît puis s’évanouit, la peinture académique se perpétue, émanation tranquille de la bourgeoise Troisième République. L’historien d’art est donc à cette époque le témoin de l’extraordinaire et profonde mutation d’un art à la recherche de lui-même.
C’est sur cet arrière-fond tourmenté et aux dimensions insolites que se profile, discrète, la carrière d’Henri Martin et au moment où nous pouvons constater un renouveau d’intérêt pour ses œuvres, il nous a paru opportun de retracer la vie de ce toulousain, d’origine modeste, « monté » à Paris pour y acquérir la célébrité et d’essayer de déterminer, en fonction de son temps, la place qui fut la sienne, le rôle qu’il a pu jouer et, enfin, les caractéristiques originales de son abondante production. De cette position privilégiée qu’offre, pour l’ensemble de son œuvre, presque un demi-siècle de recul, nous nous proposons de le suivre d’abord apprenti obscur mais obstiné, puis peintre au talent affermi tout à la fois adulé et controversé. Qu’il participe activement aux métamorphoses de son art ou qu’il en soit simplement le spectateur indifférent, l’artiste est déchiré entre la nécessité de vivre et de travailler à Paris et l’appel fascinant et permanent du terroir qui devait d’ailleurs finir par l’emporter.